mardi 27 août 2013

chronique béninoise (5)


pour terminer l'été (qui a déjà filé),
une dernière chronique béninoise !

Bonne lecture !

* * *

Tristes tropiques 
mardi 05 février 2008 



je suis malade et je m'ennuie
le silence m'englobe toute entière, la poussière aussi, la poussière m'envahit, 
par tous les pores, elle entre, insidieuse par le dessous de la porte, 
je m'ennuie et ne vois plus qu'elle, sur la couverture de mes carnets, 
sur le bois terne de la table, incrustée dans le textile des rideaux, 
sur ma peau qui craquelle telle la surface terreuse des plus grands déserts, 
la poussière vole et réapparaît là où je l'avais oublié, j'écris son nom : harmattan, 
on ne peut l'oublier car les particules élémentaires qui composent cette saison hivernale 
sont transparentes, figées dans les airs, suspendues et virevoltantes à la fois, 
le ciel si bleu et vif se pare d'un filtre orangé, onctueux, la lumière est douce et sereine, 
l'air est frais, et me rassasie, me fait oublier la chaude nuit de samedi où mon corps tout entier 
s'est mis à trembler telle une feuille de manguier surpris par l'orage, 
de mon corps grelottant, des gouttes se sont mises à perler, de mes claquements de dents, 
le sommeil a fuit, parti vers d'autres contrées pour revenir sous ces tristes tropiques 
où la chaleur intérieure de mon corps devait ressembler à celle de 12h20 
sous la paillote du maquis Chez Tranquille, la peau de mon cou courbaturé, 
tendue comme celle d'un tam-tam, faisait résonner en moi des notes 
que même un Advil 400 ne pouvait adoucir, les touches du clavier ne répondent plus, 
même l'ordinateur semble souffrir de ces microscopiques grains qui rendent la lumière si belle, 
il s'en fout, il aimerait que je cesse d'écrire ce stupide texte, 
peut glorieux quant à l'état de ma santé qui ce mardi à 15h42 
m'a tout l'air de s'être stabilisé, la nausée s'en est allée, je pars de ce pas me noyer 
dans plusieurs litres de Possotomé car je suis malade et je m'ennuie 

* * *

je vous invite à découvrir 
l'ensemble des chroniques béninoises
de mon aventure de dix-neuf mois au Bénin 
sur mon blog :




1 commentaire:

omón ilè ifè a dit…

enfin enfin voici
le vent d’harmattan
qui survient un matin
quand on ne l’attend plus
et vole à la côte
sur les ailes du sahara
et teinte de gris le jour
d’argent le soleil
petit disque pâle
et mine de grège
pour l’astre déchu
— quelle ironie ! —
devant ce vent
qui sèche la peau
et pique les yeux
gerce les lèvres
empoussière le nez
enroule les feuilles
pince et craquèle
un à un les maux
les pores de la terre
et rehausse d’ocre
le bruissement soudain
décuplé
du vert dans les fleurs
sans parfum
du bougainvillier rose

voici enfin enfin
harmattan
le vent du désert
celui qui rend fou
et vole à la côte et grise
un à un les mots

— Sika