pour terminer l'été (qui a déjà filé),
une dernière chronique béninoise !
Bonne lecture !
* * *
Tristes tropiques
je suis malade et je m'ennuie
le silence m'englobe toute entière, la poussière aussi, la poussière m'envahit,
le silence m'englobe toute entière, la poussière aussi, la poussière m'envahit,
par tous les pores, elle
entre, insidieuse par le dessous de la porte,
je m'ennuie et ne vois
plus qu'elle, sur la couverture de mes carnets,
sur le bois terne de la
table, incrustée dans le textile des rideaux,
sur ma peau qui craquelle
telle la surface terreuse des plus grands déserts,
la poussière vole et
réapparaît là où je l'avais oublié, j'écris son nom : harmattan,
on ne
peut l'oublier car les particules élémentaires qui composent cette
saison hivernale
sont transparentes, figées dans les airs, suspendues et
virevoltantes à la fois,
le ciel si bleu et vif se pare d'un filtre
orangé, onctueux, la lumière est douce et sereine,
l'air est frais, et
me rassasie, me fait oublier la chaude nuit de samedi où mon corps tout
entier
s'est mis à trembler telle une feuille de manguier surpris par
l'orage,
de mon corps grelottant, des gouttes se sont mises à perler, de
mes claquements de dents,
le sommeil a fuit, parti vers d'autres
contrées pour revenir sous ces tristes tropiques
où la chaleur
intérieure de mon corps devait ressembler à celle de 12h20
sous la
paillote du maquis Chez Tranquille, la peau de mon cou courbaturé,
tendue comme celle d'un tam-tam, faisait résonner en moi des notes
que
même un Advil 400 ne pouvait adoucir, les touches du clavier ne
répondent plus,
même l'ordinateur semble souffrir de ces microscopiques
grains qui rendent la lumière si belle,
il s'en fout, il aimerait que je
cesse d'écrire ce stupide texte,
peut glorieux quant à l'état de ma
santé qui ce mardi à 15h42
m'a tout l'air de s'être stabilisé, la nausée
s'en est allée, je pars de ce pas me noyer
dans plusieurs litres de
Possotomé car je suis malade et je m'ennuie
* * *
je vous invite à découvrir
l'ensemble des chroniques béninoises
de mon aventure de dix-neuf mois au Bénin
sur mon blog :
1 commentaire:
enfin enfin voici
le vent d’harmattan
qui survient un matin
quand on ne l’attend plus
et vole à la côte
sur les ailes du sahara
et teinte de gris le jour
d’argent le soleil
petit disque pâle
et mine de grège
pour l’astre déchu
— quelle ironie ! —
devant ce vent
qui sèche la peau
et pique les yeux
gerce les lèvres
empoussière le nez
enroule les feuilles
pince et craquèle
un à un les maux
les pores de la terre
et rehausse d’ocre
le bruissement soudain
décuplé
du vert dans les fleurs
sans parfum
du bougainvillier rose
voici enfin enfin
harmattan
le vent du désert
celui qui rend fou
et vole à la côte et grise
un à un les mots
— Sika
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