mercredi 14 novembre 2012

petits pinceaux

entre quelques pas croqués,
j'ai eu l'immense plaisir mercredi dernier 
de retrouver les petits artistes du quartier Fidjrossè
pour un atelier "Petits Pinceaux"
(tout juste inaugurée par la Fondation Zinsou !)

Voici la jolie chronique que Mounia Tokpanou, stagiaire à la fondation,
a consacré à mon atelier "Portrait de famille"

Une vingtaine de paires d’yeux brillants et curieux. 
Ils se sont d’ailleurs précipités pour s’assurer de participer, 
avec un entrain qui rappelle un peu celui de l’heure du goûter. 
Sauf qu’ici, ce sont des feuilles qu’on tartine de peinture, 
les boîtes de fromage deviennent des chapeaux et les bouchons de soda font des nez. 
Mais il faut d’abord  décrypter le mot “auto-portrait”, qui laisse tout ce petit monde très pensif. 
“Sur l’image, il doit y avoir au moins deux personnes, vous et une personne de votre famille”. 
Aaaaaaaaahhhhhhh! Petit à petit, avec l’aide des animateurs, 
ils hésitent moins et ils osent plus. Et la magie opère…
                                    
Les feuilles de couleur disparaissent, les bouts de tissu volent. 
Le papa, la maman, la soeur ou le frère (et parfois même une amoureuse) 
prend peu à peu forme. Leurs étincelles de génie, les coups de pouce qu’ils se donnent, 
les petites phrases drôles comme seuls les enfants savent en dire, Karine et moi nous régalons tout autant. 
Il y a aussi ceux qui recommencent à zéro, avec la passion typique des artistes insatisfaits. 
Quoi qu’il en soit, au bout de ces trop courtes deux heures, les enfants sont tous très contents de leur travail. 
Ils posent fièrement pour immortaliser leurs chef-d’oeuvre, d’abord seul, et enfin en groupe, 
devant leur bibliothèque rouge pétante. 
Et ce soir, le portrait de famille fera sûrement sourire les grands et les petits…


dansons maintenant ! - chronique n°7



Il fait gris ce lundi matin. Cotonou est sous la pluie. 



Circulant d'une flaque d'eau à l'autre, mon chemin m'amène jusqu'à l'école primaire "Les Tisserins", 
quartier Patte d'Oie. Marcel Gbeffa, danseur-chorégraphe béninois et directeur artistique 
de la compagnie Multicorps, y anime un atelier auprès d'une classe de Ce1, 
dans une salle un peu exigüe du premier étage.

L'échauffement a commencé. 
On se présente en dansant, on s'étire, se frotte les joues, 
on dessine des mots avec le haut de la tête, le bout du nez… 

Marcel a une approche de la danse pleine d'humour, de sensibilité et de pédagogie. 
Tout son corps est en mouvement, même sa bouche grimace. 
Certaines figures relèvent de la glissade ou reprennent des pauses humoristiques 
qui ne manquent pas de faire rire les petits danseurs. 



Vêtus d'un petit juste au corps fluo ou d'un large tee-shirt, 
les danseurs ont les yeux qui s'écarquillent. Parfois les sourcils se froncent pour tenter de comprendre 
ce langage dansé et contemporain proposé par Marcel. 
Mais sous cet air attentif, ils s'amusent. Ils s'amusent beaucoup.






C'est autour d'une petite chorégraphie, très ludique, que Marcel mène ensuite son atelier. 
Quelques gestes s'esquissent çà et là pendant qu'il choisi une musique dans son ordinateur. 


L'heure terminée, c'est au tour du second groupe, aligné derrière la porte, d'entrer. 
D'entrer avec pleins d'étoiles dans les yeux.


dansons maintenant ! - chronique n°6



Voilà ! Nous y sommes : Dansons Maintenant ! a commencé ce samedi. 
Un programme dense et passionnant pour cette première journée qui a commencé à l'auditorium 
de l'Institut Français autour d'une table ronde. Table ronde de qualité, animé par José Marinho qui était entouré 
par le danseur-chorégraphe burkinabé Salia Sanou, la danseuse-chorégraphe béninoise Rachelle Agbossou, 
l'artiste plasticien Bruce Clarke et le danseur-chorégraphe congolais Andréya Ouamba. Chacun était convié 
à venir débattre de leurs démarches au sein de l'espace public. 






 L'heure du déjeuner passé, je rejoins Eléonore, animatrice "en chef" de l'atelier des Petits Pinceaux à Cadjéhoun. 
Là, dans une jolie pièce aux tables carrées et colorées, une vingtaine d'enfants tortillent dans un calme absolu 
un fil de fer. Simple fil de fer devenant sous les consignes d'Eléonore une petite sculpture dansante. 
Alors que Salaou, Charitas, Kadi et leurs amis retrouvent leurs parents à l'extérieur, leur création dans la poche, 
Jacob, silencieux reste réaliser un dessin à côté de moi. C'est avec les aquarelles que je lui prête 
qu'il se représente avec une coiffe de Porto-Novo, me dit-il. 
Je quitte l'atelier des Petits Pinceaux, le sourire aux lèvres, et file au Champ de Foire pour la restitution 
de l'atelier chorégraphié de Salia, Souvenirs de la Rue Princesse.
Les danseurs sont au complet. Vêtus d'habits colorés et de chaussures de ville, ils se préparent. 
Quelques bouffées d'angoisses pour certains, de l'excitation pour d'autres ils attendent le coup d'envoi de Salia. 
Autour, la foule s'est rassemblée. Des milliers de spectateurs habitants le quartier se sont passés le mot. 
Les petits habitués de l'atelier des Petits Pinceaux ont leur carton d'invitation à la main. Les zemidjans ont garé 
leur moto. Les tatas, vendeuses de bananes ou de vernis à ongles se sont approchées aussi. Les musiciens sont 
en place… l'ambiance monte ! Lorsque dans un tourbillon de pas, de sauts, de cris, de regards, de sons, 
la rue prend vie, la rue prend corps. 


Les yeux grands ouverts. L'émotion est là devant tant de force, d'énergie.
Puis, un tonnerre d'applaudissement acclame les danseurs. La rue est en fête.
Souvenirs de la Rue Princesse est un succès !

L'engouement est tel que tous les enfants accourent jusqu'aux portes de l'Institut Français : 
dans une heure trente a lieu le solo de Salia ! 

Derrière les portes, les techniciens sont sur les derniers réglages.
La veille, j'étais allée rejoindre Thierry, Carlos, Yaovi, Bruno, Maëva, Salia, 
Lucien et Dramane (les deux musiciens) pour le filage.

 

20h. Une enseigne lumineuse composée de petites ampoules blanches indiquant "Let's dance"
accueille les nombreux spectateurs venus inaugurer l'événement Dansons Maintenant ! 
et venus découvrir la dernière création de Salia, Filéliké.
Le Théâtre de Verdure du centre culturel est plein. Les enfants en grand nombre ont trouvé une place sur la gauche de la scène. Le spectacle peut commencer !

Sur fond de kora et de saxophone, Salia évolue sur scène, s'interroge sur son double, son reflet, son intériorité. 
Le décor est nu. Seuls, trois supports en papier mâché couleur crème font office d'assises. Il joue avec aussi. 
Comme avec ses musiciens. Puis, de façon inhabituelle, des voix s'élèvent dans la nuit. Des cris de joies, 
des applaudissements à chaque pas de Salia. Le jeune public se manifeste. Il s'interroge probablement, interroge, 
avec certitude. C'est là une des réussites de l'événement, me semble-t-il.

mardi 13 novembre 2012

dansons maintenant ! - chronique n°5

C'est avec le photographe Césaire Dakpogan et le réalisateur Stéphane Agbessi Loko 
que nous retrouvons quelques journalistes pour l'une des conférences de presse les plus originales, 
celle de Dansons Maintenant ! 

La Fondation Zinsou a convié la presse écrite, radiophonique et télévisuelle à la rejoindre 
sur le parvis de l'Institut Français pour un Flashmob. 
Cette action pourrait être définie comme un court rassemblement de personnes dans un lieu donné, 
sensé se disperser très rapidement après. Nous avons ainsi retrouvé un petit groupe de danseurs 
vêtus d'un tee-shirt rose ou noir. C'est sur la musique entrainante de Let's Dance de Craig David 
que l'énergique Naumi a fait danser pendant deux minutes ces jeunes amateurs. Zemidjans et automobiles, 
très étonnés, ont ralenti la circulation pendant ce court instant. Le reste de la journée fut ponctuée 
par d'autres Flashmob dans divers coins de la ville… mais je vous en reparlerai ! 

Ainsi, nous avons retrouvé Sylvain Treuil, directeur de l'Institut Français partenaire de l'événement, 


 et Marie-Cécile Zinsou, dans le jardin du centre culturel. C'est debout et devant l'immense graff coloré 
dont je vous ai déjà parlé que les journalistes étaient invités à faire leur interview. 


Une conférence mobile, donc. Une conférence dynamique et colorée… 
à l'image de l'événement !

dansons maintenant ! - chronique n°4

Hier matin, je retrouve pour la seconde fois Salia et les cinquante danseurs de l'atelier 
"Souvenirs de la Rue Princesse" qu'il anime. 

Tous sont déjà là à reprendre de façon informelle et par petit groupe quelques pas de danse. 
La petite Aïcha, un casque de musique sur les oreilles, m'interpelle pour que je réalise un portrait d'elle. 
Au fond de la pièce Ulriche et son ami, les plus jeunes de l'atelier (15 et 17 ans), observent la mise en place. 
Maëva Poli, assistance sur l'événement Dansons Maintenant !, installe de nombreuses bouteilles d'eau sur une longue table en bois. Les musiciens se mettent en place. Je retrouve Lucien, le saxophoniste et apprends par la même occasion qu'il s'agit des musiciens du célèbrissime groupe béninois : le Gangbé Brass Band. 
Puis, Salia, au centre de la pièce rassemblent les danseurs pour l'échauffement. 
Des sauts, des mouvements de bras et des cris, toujours. Les corps étirés, la répétition de la chorégraphie peut reprendre. Jacqueline, Fleur, Abdel, Corade, Michaël et tous les autres sont concentrés. 
Le projet a bien avancé depuis que je ne suis venue. 



Dans la commissure de la porte d'entrée, le petit Jérémie, 8 ans, habitant le quartier, 
observe timidement la répétition. 
Il est là depuis plusieurs jours, son jouet (une roue) à la main. 


La fin de l'atelier ayant sonné, certains d'entre eux viennent me confier leur joie de participer à l'atelier de Salia 
mais aussi leurs doutes. Se lancer sous le feu des projecteurs n'est pas toujours très simple. Pourtant beaucoup d'émotions s'est dégagée de tous ces corps en mouvement croqués ce matin.

L'après-midi, à l'autre bout de la ville, je retrouve Thierry le régisseur. Un stylo à la main il dessine 
dans un carnet à spirale le plan de la scène… 

À suivre.

dansons maintenant ! - chronique n°3

Dans trois jours, Dansons Maintenant !  "ouvrira ses portes" au public. 
Toute l'équipe est en effervescence. Les danseurs évidemment se préparent mais, dans les coulisses, 
d'autres artistes œuvrent dans l'ombre. C'est à l'arrière de la Fondation Zinsou, le long d'un mur de pierres, 
qu'Arthur Delaforcade, Adrien Michel et Sincelor, sous le nom de Graff'Attackx, agissent. 
Des bombes de peintures colorées à la main, ils créent le décor de l'événement Dansons Maintenant ! 
sur une palissade de 3 mètres sur 32 ! Un décor de comics, haut en couleurs.



Des danseurs représentés dans un bleu nocturne, celui de la fête, se déhanchent. L'histoire est contemporaine.
Le médium l'est tout autant et donne à l'événement une petite touche décalée. A lire cette histoire sans paroles,
les lieux sont tout autant à part. On y découvre le "Resto La Gesticulence", "Coiffure Chez Diminu'Tiff",
l'"Institut de beauté Chez B'eyon.C, moi aussi je le vaut bien"… 
La ville y est bouillonnante et donne au jardin de l'Institut Français de Cotonou,
le lieu où ce gigantesque graff a élu domicile, un véritable air de fête,
prêt à accueillir les ambianceurs ! Des bidons peints et des silhouettes noires ponctuent
la pelouse verte du centre culturel.
Bravo les gars, beau boulot ! 

dansons maintenant ! - chronique n°2

À 9h pétantes, j'arrive sur un zemidjan, bien trop pressé, à Agla. 
C'est au Centre des Jeunes et des Loisirs que je retrouve Salia qui a également donné rendez-vous 
à cinquante danseurs ! Des confirmés, des amateurs, des très jeunes, des un peu plus âgés, des béninois, 
des français, des petits, des trapus, des élancés, des hommes, des femmes, des danseurs de salsa 
ou de hip-hop et enfin des musiciens.
La salle, immense, au sol bétonné et plafond haut accueille l'atelier "Souvenirs de la Rue Princesse" 
depuis plusieurs jours. La salle poussiéreuse transpire déjà.
Dans son débardeur rayé noir et gris, Salia rassemble la troupe pour un échauffement. 
Echauffement des corps, échauffements des muscles et de la voix. Ah ! Oh ! Aaahhh !
Les membres se détendent. Un bras balance. Un corps se courbe. Une jambe fléchie. 
Un pied frotte le parterre. Pour finir par tous s'élancer.


Puis en deux groupes distincts, à deux coins opposés de la salle, un face à face. Des bousculades, des cris, 
des affrontements. Mais des affrontements dansés, chorégraphiés, spontanés. L'esprit de groupe est là. Puissant.
C'est alors que les musiciens prennent la relèvent. Dans un rythme soutenue, mais mélodieux, 
ils laissent échapper quelques chaudes sonorités. De la salsa.
Les danseurs se mettent en ligne. Face aux musiciens, ils reprennent la chorégraphie apprise ces derniers jours. Chorégraphie mélangeant donc le savoir-faire des danseurs de salsa mais aussi de hip-hop. 
Un vrai régal pour les yeux et les oreilles ! 
L'heure du repas sonne la fin de l'atelier. Tous rougis par l'effort ont le sourire aux lèvres… 
prêts à se retrouver demain avec la même énergie !


À suivre…